Devons-nous, comme Zola, être le plus réaliste possible dans notre roman en travaillant intensément notre description ou écouter les conseils de Paul Valéry qui voyait dans la description une denrée qui se vend au kilo ou Stendhal qui exécrait la description matérielle ?
Je dirai juste qu’il faut faire attention où l’on met la description…
Si l’on est dans le feu de l’action, et que l’on narre un événement, on met en œuvre un aspect temporel. Or la description a un caractère intemporel, elle s’attarde sur des objets ou des êtres statiques et ceci risque de rompre votre action.
Par exemple, lorsque je vous décris le moine Guillaume, nous ne sommes pas dans une action, nous sommes dans la voiture qui parcoure un long chemin et ma description sera même très utile à faire passer le temps qui sera long.
Et ce voyage est très long, j’en profite donc pour aussi décrire Paris. Description très utile pour la suite de l’histoire, ainsi, je « plante le décor » pour mes futures actions. Dans ce cas, la description me sert à donner de la consistance à mon roman et lui apporte un peu plus de réalisme.
Par contre, vous pouvez également utiliser la description afin de freiner le récit, elle peut permettre au lecteur de faire une pose entre deux actions. Attention à bien doser, il faut qu’elle fasse souffler le lecteur et non qu’elle ne l’endorme.
La description d’une personne
Êtes-vous physionomiste ? Si l’on vous demandait de décrire votre père ou votre mère, le pourriez-vous ? Pas facile…
Je vous donne quelques petites astuces.
D’abord, visionnez la personne dans sa globalité : est-elle grande ou petite, forte ou mince, âgée ou jeune, comment sont ses cheveux, comment est-elle habillée… Notez tout cela sur votre page.
Ensuite nous allons plus en détail en commençant par le haut (il faut bien commencer quelque part). On regarde ses cheveux : ils sont courts ou longs, de quelle couleur, comment sont-ils coiffés ? Ses yeux : la couleur, la forme, les sourcils, les cils. Le nez, fin, gros, avec une bosse, en trompette. La bouche sera fine, large, les dents seront bien blanches ou non soignées, un homme pourrait avoir de la moustache ou de la barbe. La mâchoire sera forte.
On redescend sur le corps : le cou, les épaules, le torse, est-il mince ou musclé, comment sont les vêtements, de quelles couleurs, de quel style, propres ou chiffonnées…
Les jambes sont elles longues, courtes, une femme aura une jupe et un garçon un short par lequel on pourra voir des mollets larges et poilus.
Les pieds seront petits ou grands, les orteils fins si peu que l’on soit chaussé en nu-pieds, on peut au contraire porter des bottes.
Maintenant, mettez-y un peu de vocabulaire et de « comme », « tel un », « on aurait dit un »… C'est très important le vocabulaire !
Par exemple, au lieu de dire, « des grands yeux noirs » vous pouvez écrire « ses yeux couleurs charbon » ou pour un cou large vous écrirez « un cou de taureau posé sur des épaules fortes et bien bâties ».
Un visage vieux peut être ratatiné, fripé, ridé, fané. Un visage jeune sera frais, lisse, rose, éclatant, rayonnant.
Un nez pourra ressembler à une grosse pomme de terre, il pourra être alcalin, bosselé, court, long, délicat.
Les yeux… Attention, vous ne devez pas omettre de décrire le regard. Les yeux seront, verts, bleus… petit, grand, écartés, rapprochés, luisants, sec, rouges et étincelant. Ce pourront être des petits yeux de cochon, un regard de fouine, un regard franc, un regard pétillant, des yeux arrogants, un regard malin, vide, pénétrant, inquisiteur… La description du regard est essentielle, car elle vous donne la possibilité d’en offrir davantage sur le caractère de votre personnage.
Et n’oubliez pas que votre description doit se porter sur l’essentiel, car il faut laisser de la place à l’imagination du lecteur.
Évidemment, mon expérience d’artiste peintre me donne l’aisance de décrire mes personnages comme si je les peignais avec le mélange des teintes, des couleurs et des matières.
Il faut retoucher sans cesse la peinture jusqu’à l’obtention d’une création frôlant la perfection. Lorsque je peins, il arrive un moment où je laisse mon tableau de côté et je le reprends quelques heures ou jours plus tard avec un regard frais. Je vous le conseille afin de peaufiner vos personnages et vos descriptions dans votre roman.
Votre roman doit se lire de manière fluide tout en gardant à l’esprit l’atteinte d’un dénouement exaltant pour le lecteur. A la relecture de votre roman (vous vous souvenez, au moins vingt fois !) c’est l’occasion parfaite de vous débarrasser des phrases sans signification et des descriptions qui n’apportent rien à l’histoire : évitez de décrire pour faire joli et gardez cela pour la poésie.
Ah oui, j'ai failli oublier, la réponse de la semaine dernière est 1899 (et c'est bien l'année de naissance l'Alfred Hitchcock.)
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