Il y a quelques années, cela se passait au tout début du printemps.
Mon mari était bûcheron, botteur il nous emmenait souvent avec lui ma fille, alors âgée de quatre ans, et moi dans la forêt où il exerçait son métier. Il travaillait le plus souvent avec son beau frère.
Botteur, il mettait des griffes aux pieds et une corde très solide autour des reins puis il grimpait sur les plus gros arbres, élaguait les branches jusqu’à la cime, ceci pour pouvoir couper le tronc sans le casser. Son beau-frère élaguait les grosses branches tombées à terre pour le bois de chauffage. Tandis que moi j’aidais en mesurant et alimentant le feu avec le petit branchage.
Nous étions tous les trois devant le feu pour le casse-croûte de 8 heures, lorsque nous vîmes la fillette revenir avec un paquet de mousse dans les mains
– Maman, maman, des bébés écureuils, comme ils sont beaux !!! Regarde Papa on les emmène ?
– Mon mari lui expliqua que la maman ne devait pas être loin, qu’elle devait les remettre ou elle les avait trouvés, ce qu’elle fit, mais nous ne la revîmes plus de la journée. Elle resta à côté d’eux, les épia, chassa tous ceux qui s’approchaient trop près leur remettant de temps en temps des feuilles de hêtre.
Puis au moment de partir, nous vîmes une petite fille en pleurs se pendre à mon pantalon
– Maman, on les emmène ? leur maman n’est pas revenue, ils sont tout seuls, dit papa regarde, ils vont « mourent »!
– On ne dit mourir, pas « mourent » ma chérie, mais mourir, et se retourna en me regardant pour avoir mon assentiment puis : bon, allez vas chercher de la mousse et mets-les là, en montrant un coin dans le coffre.
Arrivés à la maison, nous les avons mis dans une grande cage avec un nid de mousse de notre jardin ,et avons expliqué à notre fille qu’il ne fallait absolument pas les prendre dans les mains nous les avons élevés les premiers jours avec du lait dans un biberon de poupée ; il fallait voir comme ces deux bestioles Lulu et Lili, prénoms que leur avait donné la fillette, tiraient sur la tétine, il me fallut trouver une fête de village pour racheter d’autres biberons, puis les regarder ensuite assis sur les pattes de derrière et prendre dans celles de devant des noisettes c’était merveilleux, mais il fallut un jour s’en séparer, car la cage ne convenait plus.
Notre fille curieusement l’a très bien compris.
– ils ne peuvent pas grimper dans les arbres me dit-elle donc on peut les lâcher dans le jardin.
– oui lui dis-je, nous les verrons de loin !
Nous leur avons redonné la liberté, quelques semaines plus tard avant Noël .
Et jusqu’aujourd’hui nous voyons des écureuils dans les arbres devant notre maison
Ce doit certainement être les descendants de Lulu et Lili.