Extrait :
Vendredi matin se dit Roger, le temps est magnifique et ça me donne le goût d’aller rouler en vélo avant de me rendre au travail. Cet exercice m’aidera à relaxer et à diminuer les tensions des derniers jours. Il met son chandail, son cuissard noir en lycra et enfile un manteau. Il descend au sous-sol, inspecte sa bicyclette et sort par la porte du garage. Le grand air et la sensation que procure ce type de sport individuel l’aideront à oublier les récentes inquiétudes. Il se dirige prudemment vers la piste cyclable. Roger roule vers le nord, Frédérike va vers le sud. À mi-chemin, elle croise le père de son amie Sadie. Sa cadence est rapide et l’homme de loi ne la voit pas malgré les grands signaux que la jeune fille lui fait sur le côté de la terrasse du parc. Il est concentré sur le parcours qui se déroule devant lui. Surprise de le voir rouler à vive allure, Frédérike retourne sur ses pas. Ses longues séances d’entraînement hivernal sont bénéfiques, elle perd de la vitesse avec ces pneus de montagnes plus lourdes qu’un pneu de route, mais elle travaille fort pour tenter de le rejoindre. Elle est inquiète pour lui depuis les événements de la veille.
Après une dizaine de minutes de course, elle quitte la piste et prend la route. Roger a peur, lui qui croyait que sa balade l’aiderait à relaxer, il s’est malheureusement trompé, le stress s’empare de lui en apercevant un automobiliste lui demander de stopper. Il ne sait pas ce que le jeune homme veut lui dire. Il accélère la cadence sans réfléchir aux conséquences, tout ce qu’il désire, c’est FUIR.
Frédérike ne comprend pas Roger. Il a augmenté sa vitesse à quelques coups de pédales d’une côte abrupte. Prise d’une étrange sensation, un goût amer lui monte à la bouche, comme si elle avait l’horrible impression qu’elle le voyait pour la dernière fois. Roger Després n’entend rien. L’homme n’a qu’une idée en tête : s’éclipser sans délai.
— RALENTISSEZ. RALENTISSEZ, crie Frédérike.
L’avocat s’éloigne de celui qui le poursuit et il n'entend pas les hurlements. Roger est traumatisé, la panique s’empare de lui. Tout se chambarde dans sa tête, les articles, les menaces, les photos, l’explosion, la petite disparue mystérieusement et le père qui a abandonné les recherches sans raison. Sa concentration n’est aucunement à l’activité qu’il exécute. Soudain, au dernier moment, il croit apercevoir une automobile blanche stationnée sur le côté de la rue. Le soleil l’aveugle, il tente de freiner rapidement, mais vu la grande vitesse que ce léger moyen de transport a prise dans cette dangereuse descente, la collision est inévitable et le corps du quinquagénaire est projeté à plusieurs mètres de la voiture blanche.