Extrait :
UNE BELLE RENCONTRE
— Tu penses vraiment que les gens vont triper sur ton article, avec un titre pareil ? T'es dans les vaps ma chère Julie ! Le monde, ça lit pus. Personne a le gout de s'arrêter pour réfléchir aujourd'hui. Heille allo ! C'est l'temps des textos pis des « smileys ». Voyons, arrive en ville !
Tiens, Catherine qui perds patience. Je viens simplement de lui expliquer que je veux écrire un communiqué de presse pour l'Hebdo régional faisant appel aux jeunes comme moi désireux d'être bénévoles auprès de personnes âgées de La Malbaie.
Je l'ai titré: « Partageons notre temps avec nos ainés. » C'est un projet qui me tient à coeur et j'y songe depuis plusieurs mois. J'avais espéré que mon amie Catherine se joigne à moi, mais celle-ci, visiblement, n'est nullement intéressée par mes projets humanitaires.
— C'est drôle mais moi je lis encore, lui répondis-je. Je réfléchis encore, également. Même si j'écris des textos et que j'utilise des émoticônes. Je serais la seule au monde ? Non, Catherine, je ne crois pas !
— Tu rêves Julie...
— Je m'enorgueillis de rêver encore justement ! Pas toi Catherine ?
— Non. J'ai deux pieds bien su'a'terre moi !
— Ah, je t'en prie Catherine, arrête. D'ailleurs, pourquoi es-tu de si mauvaise humeur, ce matin ?
En ce samedi pluvieux du mois de mai, mon amie et moi venons de prendre place au Resto branché pour déjeuner. Comme à l'habitude, je n'ai même pas ouvert mon menu parce que je prendrai à nouveau, comme toujours, le numéro 4: brunch fruité. J'aime manger santé !
Quant à Catherine, étrangement silencieuse depuis sa tirade enflammée, elle a ouvert le menu et ne redira pas un mot tant et aussi longtemps qu'elle n'aura pas arrêté son choix, ce qui est toujours un peu long parce qu'elle voudrait tout à la fois. La gourmandise de Catherine est à son meilleur dans ce restaurant offrant tous les excès caloriques et de fritures qu'elle préfère.