Les secrets du Clairemonde (Heroic/Fantasy)

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    La petite voix de Bogdern se fit entendre : "Nous devrions maintenant partir avant qu’il ne se réveille...
    – Tu as tout à fait raison Bogdern, la vue de cette chose me répugne et il est grand temps que nous changions d’air.
    – Regarde, il y a un petit chemin là bas, je pense qu’il ne faut plus que nous quittions le sentier, car finalement nous sommes plus en sécurité sur la route que sous les feuillages étouffants de la forêt du Clairemonde.
    – Ce chemin mène vers l’ouest, vers le Lac Vert. C’est peut-être une bonne idée. À vrai dire, je ne sais pas où aller, ni que faire, ni qui voir, alors autant se rendre vers une contrée plus calme...
    – Plus tranquille serait la clairière du Pasotu, je doute que le lac vert nous offre vraiment du repos.
    – Peut-être, mais il faut bien que je trouve un peuple capable de lire le coeurma...
    – CHUT ! Ne prononce pas ce nom, on pourrait nous entendre...
    – Tu as de nouveau raison...

    Céléborn passa devant le géant affalé au pied de l’arbre à pas feutrés, retenant sa respiration et sans mouvement brusque puis, toujours avec prestance rejoignit le chemin sans un regard en arrière. Restant sur ses gardes, chaque sens en éveil, il s’engouffra plus profondément dans le Clairemonde. Il lui fallait encore parcourir plusieurs lieues avant d’atteindre l’orée des bois.

    Il ne connaissait pas cette partie de la forêt et il redoubla d’attention.
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    *** Posté à l'origine par Haeresis83 sur notre page concours "l'attrape-rêves". Un nouveau personnage entre en scène..."***


    Adossé à un arbre, les jambes allongées sur l’herbe fraîche, le Chasseur de Rêves contempla le paysage féerique qui s’offrait à son regard. La chaîne de montagnes qui surplombait la paisible vallée, seulement occupée par les ruines d’un château, s’habillait des multiples couleurs que les rayons du soleil couchant lui offraient.

    Le sourire aux lèvres, le souvenir de l’instant où il avait découvert le Tableau lui revint à l’esprit. Au milieu de cette petite salle de musée, perdu parmi des dizaines d’œuvres, il se souvint de la sensation que l’oeuvre lui avait immédiatement procurée : une envie d’évasion, une volonté de contemplation, un désir de chasse au rêve. Comme à son habitude, il avait alors noté les références de l’œuvre et, aussitôt rentré chez lui, s’était lancé dans des recherches sur l’artiste, ses inspirations, ses modèles. Il avait encore vu juste : le Tableau s’inspirait d’un lieu réel, il pourrait aller le contempler de ses propres yeux.

    Maintenant que le panorama réel s’offrait à lui, il le compara à la copie imprimée de l’œuvre du peintre qu’il tenait soigneusement entre ses mains et nota les différences. Evidemment, la lumière ; les couchers de soleil ne sont jamais identiques. La nature également, avec l’évolution connue pendant plus d’un siècle. Le château, lui, avait plutôt bien résisté, même si quelques pans de murs et des pierres éparses témoignaient d’un lent effondrement. Il inspira profondément et jubila intérieurement de ce plaisir privilégié qu’il s’offrait encore une fois. Comme d’habitude, il se demanda quelle était la plus belle version : celle qui s’étendait devant lui, bien réelle, ou celle qui se couchait sur le Tableau, la source de son rêve ? Il ne trouvait jamais la réponse. Une question lui effleura néanmoins pour la première fois l’esprit, sans qu’il n’en sache la raison : peut-on encore rêver du mieux lorsqu’on possède le meilleur ? Là encore, après réflexion, il ne trouva pas la moindre réponse.

    Le soleil disparaissait rapidement, mais il avait prévu de ne pas bouger de son lieu d’observation. Après tout, il avait voyagé spécialement pour cela, il avait patiemment cherché le lieu qui lui fournirait l’angle de vue idéal du Tableau ; il méritait de s’octroyer de longues heures de contemplation, même nocturne, jusqu’au lever du soleil qu’il ne souhaitait pas non plus manquer. Au moins, cette nuit, il s’approcherait au plus près de ce qu’on appelle le rêve, cette faculté dont il se sentait privé depuis toujours. Il soupira avant de s’installer confortablement. Il avait tout prévu pour ce moment. Sauf l’arrivée d’une autre personne.

    Il vit apparaître l’Inconnu, sortant de la forêt, quelques minutes après la disparition du soleil. Il ne fut cependant pas surpris par cette présence ; l’endroit était réputé comme l’un des plus beaux des environs, et cela ne l’étonna guère que quelqu’un d’autre vint l’admirer. Il aurait simplement souhaité pouvoir profiter de ces quelques heures en compagnie de sa solitude. Un détail attira néanmoins son attention : la tenue vestimentaire du nouveau venu, qui semblait tout droit sortie de la Belle-Epoque. Il lui fit un signe de politesse, auquel l’autre répondit volontiers tout en allant se poster devant le paysage, à la luminosité faiblissante, qui entamait sa lente descente vers la pénombre. Il le vit secouer la tête d’un air désespéré et se retourner vers lui :

    - Il semblerait que j’ai manqué de quelques instants le spectacle du crépuscule.

    Ne sachant trop que répondre face à ce constat teinté de déception, il se contenta de rétorquer ces quelques mots :

    - En effet, le soleil vient tout juste de se coucher et de partir au pays des rêves.

    L’Inconnu sourit à la réponse et hocha la tête.

    - N’était-il pas devant vous ce pays des rêves, comme vous le nommez ?

    Le Chasseur de Rêves acquiesça de la tête tout en posant ses yeux vers le vieux château en ruines. Il réfléchit quelques secondes avant de répondre :

    - Cela y ressemble probablement j’imagine, je ne sais pas à quoi il ressemble…

    - Vous parlez sans doute de votre petit souci.

    Les mots le frappèrent en plein cœur. Il se retourna avec surprise vers l’Inconnu, le regard interrogateur, incapable de sortir une parole.

    - Allons mon ami, ne prenez donc point cet air stupéfait, vous savez comme moi que vous êtes persuadé d’être dépourvu de la faculté de rêver. Pourtant je suis bien là, devant vous, et vous avez auparavant eu le privilège d’assister à un spectacle grandiose.

    Le Chasseur de Rêves, qui reprenait ses esprits, ne comprenait absolument pas ce qu’il se passait. Etait-il en train de… rêver ? Impossible, il ne rêvait jamais. Il s’entendit demander d’un air tremblant à l’Inconnu :

    - Qui… qui êtes-vous ? Comment savez-vous cela ?

    Alors l’Inconnu s’approcha de lui et planta ses yeux clairs dans les siens. Il eut la sensation étrange d’aperçevoir son propre regard dans un miroir.

    - Ne faisons point de mystère, tu connais parfaitement mon identité. Je suis le peintre de ce tableau, je suis ta conscience, je suis dans ton rêve.

    - Impo… Impossible, je ne rêve jamais ! s’entendit-il encore une fois dire sans détacher son regard prisonnier.

    L’Inconnu s’avança encore un peu plus et prit un air rassurant :

    - Pourtant cela l’est, puisque je n’existe que parce que tu m’as créé dans ton rêve. Depuis toujours, tu crois être privé de cette faculté, alors tu chasses les rêves partout où tu peux les trouver : dans les œuvres d’art, dans les livres, dans les films, dans la musique, dans tout ce qui constitue une source d’imagination et potentiellement de rêve ! Ta quête est louable, les rêves des autres se retrouvent partout dans leurs œuvres, mais tu ne peux continuer à te contenter de traquer les rêves d’autrui. Sans le savoir, tu possèdes les tiens, là, enfouis au fond de toi, oubliés quand ton esprit est éveillé. Cela arrive, parfois on oublie ses rêves nocturnes, et d’autres fois on rejette la possibilité d’avoir des rêves à accomplir dans la vie réelle. Mais dis-moi, de quoi as-tu si peur ? Pourquoi tes propres rêves t’effraient-ils à ce point ?

    Le Chasseur de Rêves ne percevait toujours pas clairement ce qui se déroulait, mais la curiosité le poussa à en savoir plus. Il décida de se prendre au jeu et d’être sincère :

    - Je ne sais pas… Je ne l’ai jamais su à vrai dire.

    - C’est là que tu fais erreur. Tu te persuades que tu ne le sais pas, mais la clef est là, juste devant toi, et je peux t’assurer que tu viens de la trouver en me créant. Tu m’as créé pour que je te donne des réponses, que je t’offre la clé des chaînes qui t’emprisonnent. Mais la réponse est simple, et tu l’as toujours connue : tu as peur de la vie. Tu crois que la vie est une briseuse de rêves, que le réel n’est que noirceur, souffrance et médiocrité, qu’il est bien fade face au goût sucré des rêves. Alors laisses-moi te dire ceci, écoutes bien attentivement. Oui, la vie brise parfois les rêves. Oui, le rêve n’est qu’une illusion, une création de l’esprit, de l’imagination, et sera toujours le mieux, même le mieux du meilleur. Et oui, de même que la lumière jaillit de l’obscurité, le rêve prend vie dans le cauchemar ; il n’existe pas sans le cauchemar. C’est pour cela qu’il est essentiel. Parce qu’il permet de se sauver de la noirceur, de la souffrance et de la médiocrité, qu’il permet de s’envoler, de se réfugier, de se projeter vers quelque chose d’autre, quelque chose de meilleur. Alors laisses tes propres rêves se révéler et s’éveiller, donnes leur ta vie, et ils feront de ta vie un possible rêve.
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    ***Posté à l'origine par Neph sur notre page concours "l'attrape-rêves".***


    Puis le chasseur de rêves pensa...

    "Vivre laisse souvent des traces, des marques, et le temps achève l'usure de ma petite personne. Parfois je me pose la question, le temps existe t-il réellement ? N'est-il qu'une fuite d'idées qui se chevauchent, qui se ressemblent et, s'assemblent dans le grand tout? Le grand créateur doit bien s'amuser du haut des cieux, ou, du haut de sa tour, qui sait ?

    La vie, elle même n'est -elle pas qu'un rêve, un commencement de quelque chose d'essentiel, que l'on a oublié, mais que, pourtant, on recherche toute sa vie ? Vivre d'un rêve éveillé, ou rêver sans avoir conscience de qui l'on est réellement ? Je suis ce que l'on appelle un passeur de rêves, j’erre entre deux mondes, celui du rêve et celui de la réalité, tel qu'on la conçoit habituellement.

    Prisonnier de cette dimension des "entre-deux mondes", j'aimerais parfois trouver une porte de sortie, mais la richesse de mes expériences me poussent à rester où je me trouve. Tantôt, me voilà plonger dans les rêves les plus divers et variés, tantôt, mes propres rêves deviennent réalité. Quelques fois aussi, mes pires craintes, se concrétisent devant mes yeux. Je ne suis pas libre de créer, je ne fais que contrôler, capter et vivre les rêves d'autrui. Je suis bien réel, j'existe bien physiquement, et psychiquement, ma réalité est encore plus forte, bien que mystérieusement inconnue de tous.

    Souvent, je me sens bien seul, mais, effectuant de bon cœur ma mission, j'agis toujours comme un pare-feu, contre les rêves trop envahissants, ou trop cauchemardesques. Je suis le gardien du monde des rêves, je capture dans mes filets tout ce qui est sombre, tout ce qui est ténébreux. Étant à la fois un objet physique, et un grand esprit, je guide toute personne faisant appel à moi. Point d’apocalypse des pensées, je hiérarchise, je classe et je censure, pour le bien de mes protégés.

    De moins en moins de personnes croient en mon existence, autrement que la croyance en mon corps physique, qui est selon certains, un peu arrondi. Attention ! Je ne suis pas "gros" ! Que les langues profanes et vulgaires s'abstiennent de me dévisager par leurs mots peu soigneux! Parez-moi plutôt de vos plus belles plumes, prenez soin de moi et je serrais le protecteur de votre logis.

    Depuis des temps immémoriaux, je protège les clans, les familles, les amis, et toute personne croyant en moi. La foi est comme une montagne qui culmine, celui qui est à son sommet peut tout et voit tout. Mais, la foi est en train de disparaître de plus en plus, les contes et les légendes se perdent. Si les gens avaient conscience que la vie est magique, si précieuse et si merveilleuse, ils ne la traiteraient pas ainsi. L'être humain se perd, en quête d'une origine perdue, il ne sait plus qui il est, ni d'où il vient. Sa vie est-elle fausse, ses rêves sont-ils plus authentiques ? N'avez vous jamais fait un rêve qui a l'air plus vrai que la réalité ? Ne vous êtes-vous jamais questionné du véritable but de la vie ? Peut-être vivez-vous dans un rêve ?

    Tout comme moi, je pense que vous vivez entre les mondes, entre votre vie, vos rêves, vos espoirs, vos luttes, vos aspirations et votre imagination. Je suis là pour vous le rappeler, ne vous perdez pas en cours de route, vous êtes plus que ce que ne vous pensez. Ne luttez pas, vivez !

    Ne m'oubliez pas, comme je ne vous ai pas oublié. Apprenez que le passé, les histoires des anciens, ne sont pas à mettre à la poubelle. Rêvez, rêvez tant que vous le pouvez, vivez de vos rêves et de vos espoirs, car celui qui n'a plus de rêves n'a plus d'espoir et fini par s'éteindre. Je ne veux pas m'éteindre, je veux continuer à rêver. Faites-moi rêvez, car la vie est une histoire. Contez-moi la vôtre, et je vous conterais la mienne..."
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    Rhoo la belle idée que d'avoir "recyclé" les écrits du concours !!

    Céléborn après avoir parcouru tant de lieues se trouva là, face à cet... homme ? Ou plutôt la lueur d'un homme. Il était devant lui, pourtant ne semblait pas réel, c'était un reflet brumeux d'une personne.

    - Mais comment est-ce possible ? Êtes-vous bien réel ?
    - Je le crains jeune homme, je le crains...
    - Pourquoi craignez-vous d'être en vie ? Qui êtes-vous ?
    - Je suis le chasseur de rêves. Celui qui connaît vos songes et parfois les transforme en réalité lorsque cela est possible.
    - Quel pouvoir que celui-là ! Alors si je rêve, vous pouvez faire en sorte que mon rêve se réalise ?
    - Ce n'est pas si simple que cela. Beaucoup de conditions doivent figurer dans vos songes.
    - Mais de grâce, dites-m'en plus !
    - Je ne peux vous dire que ce que vous pouvez entendre, c'est déjà une grande chance pour vous que de m'avoir trouvé. Peu d'entre vous le peuvent. Je n'apparais que lorsque l'on a besoin de moi et uniquement si...

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