Chapitre 3
Le commissaire Gontran regardait la scène.
Rien ne pouvait supposer qu'il s'agisse d'un meurtre, pourtant une chose l'interpellait vraiment : Madame ApfelGlück avait été délestée de ses chaussettes. Chaussettes qui furent retrouvées sur sa table de nuit avec à l'intérieur une montre à gousset très ancienne dont une sonnerie était réglée sur 9h30... La montre avait-elle sonné ? Si oui, à quelle heure ? 9h30 ce matin ou 21h30 hier soir ?
Il était important de définir l'heure exacte du décès. Dixi – 28/06/2016
Depuis 20 ans qu'il faisait ce métier, il en avait vu des vertes et des pas mûres : des crimes sanglants, des mises en scène macabres (il se souviendrait toute sa vie de l'homme accroché à un arbre avec ses intestins déroulés dans les branches), des victimes à vous faire chialer…
Ici, rien de vraiment anormal, mis à part cette histoire de chaussettes et de montre - peut-être le résultat d'une simple lubie. Et pourtant… et pourtant l'instinct du commissaire Gontran lui intimait l'ordre de creuser plus loin dans cette affaire. Il y avait une étrange atmosphère dans la boulangerie, un rien d'indéfinissable, mais de palpable.
Le commissaire décida de prendre l'air et puisqu'il avait fait le tour cent fois de la boutique et du logement, d'explorer les alentours. Sur le pas de la porte, il scruta la foule de badauds qui s'amassait contre les barrières. Gontran, Bernard pour les intimes, ne s'était jamais habitué à cette curiosité morbide qui transformait Monsieur tout le monde en une sorte de vampire avide de sang. Laetitia – 29/06/2016
Julienne et Nino tentèrent de se frayer un chemin parmi les badauds. Des rumeurs circulaient déjà dans la foule : on aurait retrouvé la boulangère pendue à une poutre près du four à pain. Suicide ? Meurtre ? Le commissaire Gontran venait de pénétrer à l'intérieur de la boutique bien décidé à répondre rapidement à la question. Cela ressemblait à une affaire très banale et il regrettait déjà de s'être déplacé.
« - Pourquoi m'avoir appelé s'il s'agit peut-être d'un simple suicide ?
Demande-t-il à la jeune femme rousse qui le précède dans la boulangerie.
- Venez-vous allez comprendre pourquoi lui répond-elle sur un ton solennel. Pas peu fière d'avoir des informations que son patron ne connaît pas encore, Flavie dirige Gontran vers le fournil, s'approche du corps de la boulangère reposant maintenant à terre. Un sac de farine recouvre le visage de la morte.
- Qu'est ce que c'est que ça ? Demande Gontran
Flavie, ravie de son petit effet lui rétorque, comme s'il s'agissait d'un jeu.
- Alors commissaire, vous voulez voir ce qu'il y a dessous cette cagoule ? Attention c'est pas joli joli...
- Bon, arrêtez vos niaiseries, enlevez-moi ce sac et vite je n'ai pas que ça à faire.
La beauté rousse s'approche du cadavre pour retirer le cabas cachant la tête de la boulangère quand soudain... » Virginie29 – 29/06/2016
Un rat sort du sac...
Au même moment un cri strident retentit Ahahahahahah !!!!!! Flavie se retrouva dans les bras du commissaire Gontran.
Derrière eux un policier qui mangeait une tartelette aux fraises, cracha le tout dans la direction des pieds nus du cadavre, le commissaire et Flavie se retrouvèrent assis sur la table du mitron, une main de Gontran dans le pétrin l'autre serrant la jambe de la jeune femme qui avait perdu l'équilibre. Cela aurait pu être risible si ce n'était pas une scène de crime !
Enfin reprenant ses esprits, le commissaire Gontran tonna :
« - C'est bientôt fini ce cirque !? Vous allez me retirer ce sac ! Est-ce que les photos ont été prises ? » Il stoppa net : il voyait le visage de la morte, mais, mais...
Ce visage était étonnant et effrayant à la fois. Il était tout rouge, complètement recouvert d’encre ! L'assassin a pris son temps pour faire souffrir sa victime. Plusieurs injections d'encre rouge sur tout le visage et cela de son vivant afin que le liquide pénètre bien partout.
Perdu dans ses réflexions, l'inspecteur marmonnait pour lui seul : "Qui es-tu ? Visage entre deux âges, pas une seule ride... l'assassin n'a probablement rien obtenu de toi, le supplice a été trop long."
« Bon, à l'adresse de Flavie, faites le nécessaire, nous en saurons plus à l'autopsie. Que chaque coin soit fouillé. »
Le commissaire, quant à lui continuait seul ses investigations...Cloclo - 29/06/2016
Pendue avec un sac sur la tête, c'était déjà peu probable qu'il s'agisse d'un suicide. Mais avec cette encre rouge, plus aucun doute n'était permis : il s’agissait bien d’un crime.
À y regarder de plus près, le commissaire put distinguer deux lettres « b » et « r », et une sorte d’étoile aux branches basses plus grandes que celles du haut…
« - Flavie, prenez-moi son visage en gros plan, surtout ça là... Dit-il en montrant les marques. J’ai déjà vu ça quelques part…
- Ouai, c’est les brigades rouges...
- Hein ?
- Vous n’avez pas vu - Mon frère est fils unique -, il est passé à la télé la semaine dernière, c’n’est pas un chef d’œuvre ! Dit le policier qui finissait sa tarte aux fraises.
- Non, je ne l’ai pas vu, j’n’ai pas le temps pour cela ! Et jetez-moi cette tarte aux fraises ! Comment pouvez-vous manger devant un tel spectacle ! Flavie, virez-moi tout le monde. Ne gardez que Sylvain pour les relèves d’empreintes. »
Le commissaire était excédé. « Il ne manquerait plus que les journalistes arrivent et on nage en plein cauchemar» se dit-il… Evol - 01/07/2016
Nino et Julienne venaient de rentrer essoufflés à l’appartement.
« - Julienne, est-ce que quelqu’un t’a remarqué entrer ou sortir de la boulangerie hier ?
- J’sais pas, il pleuvait des cordes, il n’y avait personne dehors. Et même, avec toute cette "brouillasse", on n’y voyait pas à dix mètres.
- Tu es sûre Julienne, personne, vraiment !!
- Bah non ! Ah si, un type dans une bagnole noire a failli m’écraser. Il m’a envoyé une flaque me pourrir mes fringues et…
- Ah quoi ressemblait-il ton gars ?
- Il était plutôt pas mal. Dit Julienne avec des papillons dans les yeux…
- Julienne arrête ça ! Il ressemblait à quoi ?!! Hurla Nino.
- Il était beau quoi… Je n’sais pas, il faisait noir, il pleuvait… Et je ne suis pas physionomiste moi…
- Un acteur, il ressemblait à quel acteur ?
- Pfff c’était plutôt genre Nicolas Cage, peut-être…
- De type italien alors ? Et sa voiture c’était quoi ?
- Une vieille bagnole, ça faisait penser à une 2 CV, elle était noire.
- Et tu lui as parlé ?
- Bah, il a voulu me suivre jusqu’à l’appartement, mais je l’ai envoyé bouler.
- Julienne, tu ne nous aides pas ! Tu portes la bague de Moretti, tu…
- Moretti ! C’est qui ce gars-là ? Nino, tu ne me dis pas tout !!! Nino, c’est qui Moretti ?
- Merde ! Gaëlle ! On a oublié Gaëlle… » Dixi – 03/07/2016
Eh oui Nino et Julienne avaient complètement négligé Gaëlle...
Tandis que l’inspecteur Gontran qui pour là énième fois faisait le tour de ce lieu, fournil, magasin, chambre à coucher…. Cette montre à gousset dans cette chaussette...
Peut-être pour ne pas dépasser l’heure ? Le mitron doit commencer sa nuit aux fourneaux après cette heure !!! Dans la chaussette sûrement pour assourdir le bruit de la sonnerie !!!
Et cette femme ! Elle me semble jeune pour être la boulangère ? Ah ! Je tourne en rond …
« - Flavie ? cria-t-il, faites venir la personne qui a retrouvé le cadavre ?
- Mais….Nous avons reçu un appel anonyme, c'est pour cela que nous nous sommes déplacés et avons découvert la victime… Cloclo – 03/07/2016
- Alors, amenez-moi Monsieur Apfelglück !
- Qui ça ?
- Le boulanger, qu’il reconnaisse sa femme. »
L'homme pleurait dans la réserve, c’est lui qui avait appelé la police. Voyant ce corps pendu au-dessus de son fournil à 4h du matin, il était resté prostré durant de longues heures. Maintenant il ne savait plus comment il pourrait justifier tout ce temps auprès de sa femme sans avoir bougé.
Flavie l’avait trouvé seul et en état de choc.
« - Monsieur Apfelglück, le commissaire Gontran demande à vous voir. Il est auprès de la victime, il souhaite que vous puissiez la reconnaître. Mais je dois vous avertir que le visage de la dame a été maquillé à l’encre rouge. S’il s’agit de votre femme, il faudra faire preuve d’un grand courage.
- C’est moi qui vous ai téléphoné…
- Pourquoi ne l’avez-vous pas dit ?
- Je suis resté près de deux heures, debout face à… au…
- Vous n’avez pas appelé tout de suite ? Saviez-vous que la personne était morte ? N’avez-vous pas essayé de la sauver ? Dit doucement Flavie.
- Non, j’ai juste touché sa main, elle était déjà très froide, c’est, je pense, ce qui m’a empli d’effroi et laissé stoïque.
- Venez avec moi, Monsieur Apfelglück »
Flavie accompagna le boulanger auprès du commissaire.
« - Voici Monsieur Apfelglück, inspecteur. Il était dans la réserve en état de choc, nous devrions peut-être attendre un peu avant de…
- Non, plus vite ce sera fait mieux ce sera. Monsieur Apfelglück, je vous demande de vous approcher et de nous dire si cette jeune personne est votre femme ?
- Jeune personne ? Dit le boulanger interloqué.
- Pourquoi, quel âge à votre femme ?
- Comme moi, 42 ans.
- Bon, je vous préviens, le visage à subit quelques…
- Je l’ai prévenu déjà, dit Flavie. »
Monsieur Apfelglück, à la vue de la figure prit peur et recula d’un pas, mis sa main devant sa bouche pour ne pas crier. Regarda encore le visage de la femme étendue, se tourna vers Flavie, vers le commissaire et de nouveau vers le cadavre. Des larmes coulaient sur ses joues.
« - Alors ? Est-ce votre femme ? demanda l’inspecteur…
- Je ne sais pas.
- Comment ça vous ne savez pas !!
- Et bien je ne sais pas. C’est elle, mais ce n’est pas elle…
- Je n’en peux plus de cette histoire, ça veut dire quoi - c’est elle, mais ce n’est pas elle - ??!! »
Le boulanger se retourna, prit sa photographie de mariage qui était accrochée au mur et la montra au commissaire Gontran.
« - C’est elle, mais à vingt ans… Sophie22 – 06/07/2016
- Ce n'est pas votre femme qui est allongée, c'est votre fille ? demanda le commissaire.
- Nous n'avons malheureusement pas eu la chance d'avoir un enfant ... là allongée c'est ma femme, ma Suzie, fraîche et belle comme à notre mariage .... oh qu'elle est belle ! »
Flavie chuchota à l'oreille de l'inspecteur « Je crois qu'il délire ... le choc sans doute. Je vais voir pour trouver un voisin qui pourra procéder à l'identification » ... LuliB – 06/07/2016
Flavie avait la main sur la poignée de la porte, prête à aller se renseigner au dehors sur l’identité de la défunte, quand un bruit dans le magasin attira son attention.
Elle se méfiait étant donné ce qui lui était arrivé avec ce satané rat !
Prudemment elle avança, prit un couteau qui traînait sur le comptoir de la pâtisserie et ouvrit le placard d’où provenait le son entendu, et ce qu’elle vit la laissa ahurie...
Une chaussette vibrait sur l’étagère elle n’osait pas la toucher de peur d’une hallucination. Tout était bizarre, oui vraiment anormal... « Que se passe-t-il ? Je touche ou je ne touche pas..... » Pensa Flavie. Cloclo – 08/07/2016
Pendant ce temps, la 2 CV noire venait de se garer dans la rue du soleil levant juste en face de l'immeuble de Julienne et Nino. Augustin Danieli tapotant rageusement sur le volant usé de la Citroën. Il avait honte de se déplacer dans cette vieille guimbarde. Une idée de Moretti pour amadouer Julienne. Cette fille adorait les antiquités roulantes et Moretti comptait là-dessus pour l'attirer et l'enlever : résultat, elle avait snobé Danieli et refusé de monter dans la voiture.
Danieli en était sûr une Mercedes, une Porsche, et pourquoi pas une Ferrari aurait mieux fait l'affaire.....elle n'aurait pas fait la farouche le moment venu et à l'heure qu'il est elle serait déjà neutralisée.
Évidemment ce n'était pas le même budget !
Soudain le regard de Danieli fut attiré par un mouvement vers la fenêtre du 2e étage de l'immeuble.
Il eut à peine le temps de tourner la tête dans cette direction qu'un bruit sourd venait de résonner sur le trottoir. Il écarquilla les yeux en devinant la forme roulant maintenant dans le caniveau.
Qu'est ce que c'est que ce truc ? La porte de la vieille deuche claqua. Danieli courut juste en dessous de la fenêtre de l'appartement de Julienne... Virginie29 – 08-07/2016
À la boulangerie, la chaussette reposait sur l'étagère en formant un "S". Elle était rouge, avec des petits fils dorés qui brillaient de-ci de-là.
Avec la pointe du couteau, Flavie souleva prudemment l'avant de la chaussette...rien de particulier si ce n'est un petit diamant fixé à l'endroit du gros orteil. Elle reposa la chaussette et entrepris la même opération côté mollet, la vibration semblait provenir de là.
Elle aperçut alors un sceau brodé en fil bleu et blanc ... c'est ce dessin étrange qui émettait ces vibrations !!! Avec précaution, elle retourna la chaussette afin de pouvoir mieux voir les détails de cette figure ...
« - Commissaire, commissaire ... venez vite !!! » LuliB – 08/07/2016
Pendant que Gontran se précipitait aux côtés de Flavie, Gaëlle se relevait tant bien que mal. Elle était étourdie après sa chute impressionnante. Augustin Danieli l'aidait déjà à se mettre sur pieds.
« - Vous allez bien, mademoiselle ?
- Je ne sais pas… le visage de la jeune femme se crispa. Ma jambe, elle doit être brisée ! »
Aucun véhicule ne passait. Les badauds étaient toujours agglutinés autour de la boulangerie et personne ne prêtait attention à ce couple étrange, à la 2CV arrêtée au milieu de la route, la portière côté conducteur grande ouverte. « Gaëlle ! »
Gaëlle et Augustin relevèrent la tête en direction de l'appel. À la fenêtre de l'appartement du premier se tenaient Julienne et Nino, interloqués.
Gaëlle paniqua immédiatement. Son regard s'affolait et malgré la douleur, elle tentait de s'échapper. « Emmenez-moi loin d'ici, vite ! Elle est folle, elle m'a agressée ! »
N'importe qui aurait essayé de calmer Gaëlle, aurait appelé les secours et la police. Mais Augustin n'était pas n'importe qui et il perçut immédiatement qu'il allait prendre l'avantage. Dans un ample mouvement, il porta Gaëlle qui sanglotait, il se félicita intérieurement d'avoir fait tant d'heures de musculation, et l'installa prestement sur le siège passager.
« - N'ayez pas peur, je vais vous protéger. Crut-il bon d'ajouter en démarrant. Expliquez-moi ce qui vous est arrivé.
- Je venais voir Julienne, une amie qui m'avait appelée paniquée. Elle n'allait vraiment pas bien et il me semble qu'elle m'ait assommée ; à moins qu'il y ait eu quelqu'un d'autre dans l'appartement. Je ne sais plus. Tout est confus. J'étais attachée. J'ai défait mes liens, mais quand j'ai entendu du bruit, j'ai voulu fuir par la sortie de service dans la cuisine. J'ai hurlé au secours… j'ai cru qu'il y avait quelqu'un aux étages supérieurs, mais je me suis retrouvé dans un appartement vide en travaux. La fenêtre était ouverte, j'ai sauté. »… Laetitia – 08/07/2016
Julienne réfléchit et dit :
« - La voiture ! C’est celle qui m’a éclaboussée hier en revenant de la boulangerie. Je la reconnais, une deux-chevaux des années 50, cela ne passe pas inaperçu, surtout noire, ce n’est pas banal.
- Tu as vu le numéro ? Demanda Nino
- Non ! J’étais trop énervée après toi ! Tu veux toujours me quitter… dis… Nino ? Hein… ? Réponds-moi ?
- Pour le moment, pensons à Gaëlle !!!
Nino réfléchissait :
- Pourquoi le type de la voiture n’a pas appelé les flics ? Ils sont là… à deux pas ? Et Gaëlle… avoir sauté du 2e… De cet appartement vide… et ce regard effrayé lancé vers Julienne… Tout ça n’est pas clair…
- C’est vrai lui répondit Julienne, c’n’est pas clair … comme tu dis !
Nino sursauta, il ne s’était pas aperçu qu’il avait réfléchi à haute voix.
- J’aimerais que tu m’expliques ce qui arrive ? Je deviens folle !
- OK, mais avant il faut faire quelque chose pour Gaëlle ! Je te laisse quelques instants, je retourne à la boulangerie... »
Un bisou vite fait sur sa joue et voilà Nino reparti en abandonnant une Julienne perplexe… Cloclo – 10/07/2016
Le commissaire Gontran commençait à en avoir assez de tout cela et puis il avait faim, son petit déjeuner ayant été réduit à un simple café. « Bon, trouvez-moi la brosse à cheveux de Madame Apfelglück, nous ferons faire une recherche ADN. Posez-moi-les sellées au fournil, moi, je pars ! »
Nino était à deux pas du commissaire. Que faire ? Lui parler de la 2CV et de Gaëlle en danger et risquer d’être impliqué dans cette affaire ou ne rien dire et sauver Gaëlle par ses propres moyens…
D’un autre côté, si la police mettait la main sur Gaëlle avant qu’il n’eut le temps de lui expliquer ce qu’il se tramait vraiment. Et d’ailleurs, que croira-t-elle ?
Il laissa donc passer l’inspecteur devant lui, déjà préoccupé à ce qu’il pourrait trouver pour se sustenter un peu…
Nino connaissait ce type au volant de la 2CV… ce visage lui rappelait quelqu’un… Il chercha au fond de sa mémoire…
Cette bague, cette vieille bagnole… C’était celle de Moretti !! Mais Moretti devait être mort… À moins que… le chauffeur alors… qui était ce chauffeur…
Il retourna voir Julienne.
« - Tu restes là, tu t’enfermes avec ta chevalière.
- Tu crois ça Nino ! Tu crois vraiment que je vais t’attendre avec une mégère dans le corps ! Nino !! Maintenant on va prendre la voiture, chercher Gaëlle et tu me raconteras tout, je dis bien tout, sans omettre un détail sur cette satanée bague !!
- Julienne, ma chérie, calme-toi…
- Y’a pas de « ma chérie, calme-toi » qui tienne, tu dis TOUT !! Hurla Julienne à bout de nerfs.
Nino lui claqua une baffe sur le visage.
- Tu me frappes maintenant ? Tu te crois fort ?
- Julienne calme-toi, tu as raison, on va prendre la voiture histoire de changer un peu d’air. » Sophie22 – 12/07/2016
Le commissaire ne l'avait pas entendu visiblement ... Flavie se précipita vers lui pour tenter de le rattraper...
Au bout de la rue, Nino et Julienne coururent vers leur véhicule. Alors qu'ils s'en s'approchaient, Julienne fut prise de frissons... puis se figea. Elle fixa Nino droit dans les yeux, mais son regard était vide, comme si elle voyait à travers lui, elle semblait hypnotisée.
"Je vais où on m'appelle ..." lui dit-elle d'une voix grave qui ne lui appartenait pas, avant de prendre la direction de la boulangerie. LuliB – 13/07/2016
La pluie avait cessé, Nino regarda un peu plus intensément Julienne. Qu’arrivait-il ? Il ne comprenait plus rien. Il ne reconnaissait plus son « amie ».
Elle changeait d’attitude et de visage à chaque instant, à ce moment précis, il croyait voir la boulangère ! Était-ce possible que ce fût la chevalière qui la mit dans cet état ?
« Julienne !!!! cria-t-il, viens ! Monte tout de suite ! Et dépêche-toi ? »
Il ouvrit la portière du côté passager, pour la faire entrer, aussitôt il sentit une douleur dans le cou ; tout se brouilla dans sa tête il prit conscience d'être poussé dans la voiture, la porte claqua… et puis plus rien… Cloclo – 17/07/2016
Julienne avançait dans la rue en suivant ce que lui disait une voix étrange. Le bip était revenu, ce bip strident et persistant qui l'empêchait de réfléchir. Elle entra dans une arrière-cour ombragée. Les immeubles environnants ne laissant apparaître aucun rayon de soleil. La pluie de la veille stagnant encore sur les poubelles non vidées dégageait une odeur nauséabonde, sur le sol des cailloux mélangés à quelques pavés usés datant au moins de la révolution donnaient à cet endroit une atmosphère lugubre qui n'effraya nullement Julienne qui se trouvait dans un état hypnotique.
Elle s'approcha d'une porte qui semblait être l'entrée d'une cave. Cette porte de vieilles planches aux tenants épais et rouillés s'ouvrir dans un grincement qui aurait fait sursauté tous les pigeons crevés de la cour.
Julienne pénétra à l'intérieur et descendit les marches d'un escalier glissant de mousse humide. En bas, une pièce au plafond voûté que seuls quelques interstices éclairaient était remplie de vieilleries, d'objets inutilisés depuis longtemps posés en vrac sur une étagère datant du siècle dernier, qui devait faire office de rangement pour quelques bouteilles d'alcool.
La voix lui assigna de renverser le casier à vin. Ce qu'elle fit dans un brouhaha épouvantable. Mais elle ne sourcilla pas.
Une petite ouverture se cachait derrière. Elle s'y faufila et prit un long couloir. Elle se retrouva dans les égouts. Boulevard Raspail, rue du Cherche-Midi. Elle se situait exactement sous la boulangerie des Apfelglück. Elle monta sur une échelle de meunier celée au mur et souleva une petite trappe. La voix était maintenant bien distincte, comme si une personne se tenait à côté d'elle... Evol – 21/07/2016
Le commissaire Gontran était de retour au bureau de police, dubitatif... Après 20 ans de stages dans des commissariats de province, il se trouvait être l'un des plus jeunes commissaires parisiens. Il aurait préféré être posté dans une petite ville de région plutôt que sur Paris.
Gontran n'aimait pas les gens. Sa mère, carriériste dans le ménage dû subir tout au long de sa vie humiliation et incompréhension de bonnes-femmes propres sur elles et bien-pensantes, mais trop fainéante pour laver elle-même leurs toilettes. Des heures, elle en avait fait sa mère pour pouvoir lui payer ses hautes études et de ça, le commissaire Gontran était fier. Son père, il ne l'a pas connu, d'ailleurs, il n'en savait rien. Petit, il a tout imaginé sur ce père absent : décédé, en fuite, un employeur malveillant de sa mère... Jusqu'à aujourd'hui, il a respecté le secret de sa mère, qui, muette comme une tombe, ne lui a jamais rien lâché, ni son emploi, ni ses origines, ni description physique, pas même un petit "qu'est-ce que tu peux ressembler à ton père !"... Ce qui lui a toujours fait supposer que sa mère ne connaissait pas cet homme.
Bref, le commissaire Gontran se retrouvait assis à son bureau se qui ressemblait plus a une énigme qu'a une enquête de police au moment même où il devait faire ses preuves auprès de nouveaux officiers dont il avait la responsabilité. Dixi – 22/07/2016
Il réfléchissait à cette matinée qui s'écoulait. Ces énigmes, pour l’instant, n’avaient pas de réponses et l’ennuyaient profondément.
Tout devait avoir un sens, ce n’était pas possible autrement. Ces chaussettes, la première avec une montre …et celle-ci que venait de lui apporter Flavie, toute essoufflée de sa course pour le rattraper. Il pensait avoir élucidé la première énigme. Mais la seconde chaussette dans le magasin qui se met à vibrer (le mécanisme : un jeu de farces et attrapes, le tueur veut s’amuser !) et ce dessin… Une étoile, pas une normale, non… ; 5 branches… L’une plus courte que les autres ou l’avait-il vu ? Un de ses hommes lui parla des brigades rouges… Cela lui rappelait quelque chose, mais quoi… Il fallait qu’il fasse des recherches, et ce, le plus vite possible, car il ne voulait pas être en reste avec ce petit policier à la tarte aux fraises qu’il avait sous sa responsabilité
« Bon ! courrons après les Brigades rouges, extrême droite... Assassins... kidnappeurs... ce n’était pas des rigolos… Mais là : une jeune femme, qui ressemble à Madame Apfelglück adolescente, lui tatouer tout le visage puis la pendre… Ce n’est pas la façon des brigades… et ce jeu du chat et de la souris, avec tous ces préambules enfantins pour se moquer de nous… ces chaussettes !!! Ils me prennent pour un guignol, ma parole !! »
« - Flavie… hurla le commissaire.
Flavie surgit de son bureau.
- Quoi ! Vous vous êtes coincé un doigt ?
- Trêve de plaisanterie, je ne suis pas d’humeur, avez-vous laissé quelqu’un sur place, à la boulangerie ?
- Non, j’ai fait mettre les scellées. Tout est fermé et personne ne peut y entrer ! »
Gontran grommela entre ses dents : « personne ne peut entrer, personne ne peut entrer, rien n'est évident dans cette histoire. » Puis, un peu plus fort en direction de son adjointe :
« - Retournons sur les lieux, je veux m'assurer qu'effectivement, rien n'a bougé et avec un peu de chance peut-être que nous découvrirons des détails qui nous auront échappés ! Allons-y. »
Flavie prit sa veste et suivit le commissaire. Cloclo – 31/07/2016
« - Flavie, dit Gontran, savez-vous quand nous aurons les résultats ADN ? Ce serait surprenant qu'il s'agisse de la femme du boulanger...
- On m'a affirmé nous les envoyer dans la soirée Commissaire.
- Bien, bien. Imaginez qu'il s'agisse de son épouse... Puis il secoua sa tête comme pour enlever cette idée saugrenue de son esprit. »
Tous deux arrivèrent non loin de la boulangerie.
« Je gare la voiture ici, nous allons faire le tour du quartier et bien s'imprégner de l'environnement, on ne sait jamais, des images pourraient ensuite nous parvenir durant l'enquête. »
Flavie regarda le commissaire, ce n'était pas une mauvaise idée. Elle voulait entamer une conversation lorsqu'il la coupa net :
« Chut, on n'est pas là pour discuter, mais pour s'imprégner... Imprégnez-vous et en silence ! »
Soit. Flavie se trouva confuse et marcha en regardant ces chaussures. Gontran s'arrêta, se posta devant Flavie en la fixant dans les yeux.
« - Mademoiselle Almond, pensez-vous que c'est en examinant le bout de vos souliers que vous allez remarquer quelque chose ?
- Non…
- Alors, regardez autour de vous en vous la fermant, c'est tout ce que je vous demande.
- D’acco…
- Observer et se taire ! Cette affaire me débecte, on se fout de nous en déterrant les vieux fantômes, en nous faisant croire même aux fantômes. On a un cadavre sur les bras dont finalement on ne sait rien. Et a-t-on au moins cherché la vraie Mme APfelglück ?
- Non commissaire, j'ai pensé que...
- Vous avez pensé, vous avez pensé quoi ? Qu'elle aurait perdu 20 ans dans la mort ?!
- En fait... Vu qu’apparemment...
- Voilà ! Nous y sommes : méfions-nous des apparences. Des faits, je veux des faits et pas des extrapolations. Concentrons-nous sur les faits et ce que nous voyons sans tenter d'y mettre une explication. Donc, maintenant, nous allons reprendre notre marche silencieuse et observer l'environnement de notre enquête. Allez hop, le nez en l'air, devant et sur le sol, mais PAS SUR VOS CHAUSSURES ! » Dixi -01/08/2016
Tient, quand on ne regarde pas ses chaussures voilà ce qui arrive.
Gontran n’a pas évité la « mine » qui se trouvait devant lui.
« - Et merde !
- Chut commissaire, ne faisons pas de bruit allez hop le nez en l’air et en silence !
- Vous vous égarez Flavie !
- Attention, dis doucement Flavie, là, à gauche... »
Le commissaire suivit le regard de Flavie. De l’autre côté de la route, une voiture était à l’arrêt et un homme avait du mal à en sortir. Il se tordait le cou en se tenant la tête des deux mains. Il grimaçait de douleur.
« - On ne va quand même pas s’émerveiller devant tous les ivrognes que l’on va croiser non ?
- Il n’a pas l’air saoul ! Regardez, on dirait qu’il cherche quelqu’un... »
L’homme claqua la portière de la voiture, et se dirigea vers la boulangerie, tout en se tenant la nuque. Il s’arrêta net, en voyant le commissaire et la gendarme qui le regardaient fixement. Il fit demi-tour, s’engouffra de nouveau dans son véhicule et démarra, sans demander son reste.
Flavie courut elle aussi en sens inverse pour récupérer leur voiture, en hurlant sur le commissaire : « Essuyez vos pieds, vite ! »
Elle démarra aussitôt…le commissaire eut à peine le temps de refermer la portière que le véhicule filait déjà sur la route essayant de rattraper l’homme qu’ils venaient de repérer.
« Attention …c’est ma voiture bordel … Prenez à droite, nous allons le bloquer au tournant, il n’y a pas d’autre passage » dit Gontran.
Dans un crissement de pneus, elle stationna au milieu de la route empêchant la circulation de l'automobiliste suspect qui s'arrêta devant eux. Le commissaire et Flavie armes aux poings s’avancèrent au-devant du véhicule. Le Gontran ouvrit la portière et se trouva nez à nez devant une femme… Cloclo – 05/08/2016
« - Ah non, mais là je n’en peux plus, grommela le commissaire, où est l’homme ?
- Quel homme, dit la jeune personne, je suis seule.
- Mais l’homme qui conduisait la voiture !
- Mais Monsieur, c’est moi qui conduisais la voiture...
- Flavie, pincez-moi ! Vous avez bien vu, comme moi, un homme se caressant la nuque, prendre la fuite dans CETTE voiture !! Dit le commissaire en pesant chacun de ses mots.
- Oui Commissaire, c’est ce que j’ai vu.
- Allez, embarquez-moi ça, nous allons l’interroger au commissariat. Dit-il en regardant à l’intérieur, dessous et dans le coffre de la voiture. Bipez-moi Sylvain aussi, qu’il vienne me faire une relève d’empreintes. Il ne s’est quand même pas volatilisé le passe-muraille ! On va le retrouvez l’« Houdini », c’est moi qui vous le dit ! Appelez-moi aussi, l’autre là, le mangeur de fraise, qu’il fasse fermer le secteur.
- Doug ?!
- Doug, Doug, oui c’est ça, et rapidement.
- Je le lui dis chef ! Euh, pardon Commissaire.
- Pffff, on n’est franchement pas aidé, dit-il en se tenant appuyé sur une poubelle, un mouchoir en papier à la main, tentant désespérément de redonner à sa chaussure un aspect respectable. »
La femme qui assista à cette scène osa un petit « Vous ne pouvez pas m’arrêter, je n’ai rien fait »
Le commissaire lui lança un regard furibond qui la liquéfia. Elle se laissa passer les menottes. "On l'embarque et l'on part". Dixi – 06/08/2016
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Elle se retrouva maintenant dans une sorte de niveau intermédiaire. Il y avait là encore des couloirs, mais qui semblaient entretenus. Elle marcha encore quelques mètres, le regard vide et stoppa net.
Elle se trouvait à l’embouchure de cinq allées. À ses pieds une grande étoile dont les branches courraient jusqu’à l’entrée de chacun des tunnels. Cette étoile était le centre d’une sorte de place.
Toujours dans un état second, mais aussi lucide sur ce qui lui arrivait, elle ne parvenait pas à sortir de sa léthargie. C’était comme si elle savait qu’elle rêvait, qu’elle était consciente qu’il lui fallait se réveiller, mais qu’elle n’y arrivait pas. Comme ce cauchemar qu’elle fait souvent où elle tente de s’envoler, mais elle reste à courir sur le sol sans que ses pieds ne quittent la terre.
C’est ainsi, tiraillée par l’envie de se réveiller et son incapacité de le faire, qu’une voix se fit entendre : « Enfin, je te retrouve… ».
Elle ne bougea pas. Cette voix lui semblait familière. Elle était douce, mais l’effrayait. Ce murmure, elle en était sûre, l’attirerait vers les abîmes, mais sa délicatesse l’enchantait.
« … Je t’ai cherché longtemps tu sais… »
À qui pouvait appartenir cette voix ? Elle était de plus en plus proche, Julienne pouvait sentir un souffle chaud parvenir à son cou. Une odeur suave qu’elle connaissait aussi lui arriva soudainement.
« … J’ai souffert de ton absence… »
Un doux murmure vint à son oreille, elle pouvait presque exhaler le velours des lèvres de celui qui lui parlait.
« … Tu m’as tellement manqué… »
L’homme se plantait là, à présent, devant elle. Elle ne le connaissait pas, pourtant il lui semblait l’avoir déjà rencontré, et même peut-être aimé…
« - Gisèla…
- Mario ? » Evol – 09/08/2016